La viande cellulaire : une bonne chose pour la planète ?
En novembre 2021, l’entreprise américaine Upside Foods, valorisée à 1,2 milliars de dollars, a ouvert la toute première usine de production de tissues cellulaires carnés d’origine non naturelle. Cette initiative est suivie par le Qatar et qui sera bientôt présente en Europe et en France avec la startup Gourmey.
L’argumentaire écologique porté par les industriels de l’agriculture cellulaire renforce la légitimité liée au développement de cette nouvelle technologie. En effet, les industriels du secteur comparent la pollution CO2 engendrée par l’élevage intensif bovin avec la consommation relativement faible dégagée par un laboratoire. Pourtant, des études visant à estimer les impacts environnementaux et sanitaires de l'agriculture cellulaire ont été menées et remettent en cause ces affirmations. On peut ainsi citer le rapport écrit par un groupe de recherche de la Faculté de bioscience de l’université de Ghent en Belgique. De plus, un article d’Open Philanthropy en date de 2015 suggère qu’“Il n'y a pratiquement pas de données industrielles sur le coût de l'augmentation de la production de cellules”. Par ailleurs, la culture de cellules carnées doit se dérouler dans des conditions stériles car elle ne possède pas de système immunitaire, cela laisse craindre des risques sanitaires. En effet, si des particules virales pénètrent la zone stérile, celles-ci pourront facilement infecter les cellules, selon le rapport de la Good Food Institute (GFI) en 2021.
Le rapport « Viande cellulaire, la révolution qui inquiète », met également en lumière deux éléments essentiels. Tout d’abord, celui de la surconsommation de protéines carnées qui va à l’encontre des études récentes portant sur la santé et l’écologie en règle générale. Ensuite, le rapport dénonce un rejet du principe de précaution de la part des industriels, principe communément admis pour toute nouvelle application, utilisation ou mise sur le marché d’un nouveau produit. Ce dernier implique l’obtention de certifications, des études poussées indépendantes pendant plusieurs années ainsi qu’une éventuelle consultation publique. La rhétorique des partisans de l'agriculture cellulaire semble donc être un abus de langage, car elle repose essentiellement sur des arguments pseudo-scientifiques. En fait, le lobbying de l’agriculture cellulaire ignore tout des voix discordantes mettant en lumière les risques liés à cette nouvelle industrie. Derrière cette rhétorique, les acteurs de l'agriculture cellulaire tentent de mettre en place un système de surconsommation de viande à des fins purement lucratives. À cet égard, un soi-disant “principe d'innovation” ne permet en aucun cas d’éviter le principe de précaution.